Jessica Win Chin

Sujet : Étude du cycle d'un champignon entomopathogène en vue de son utilisation en lutte biologique contre les stomoxes à La Réunion

À La Réunion, l’élevage bovin a connu un développement accéléré à partir du XXe siècle. L’introduction de races améliorées d’origine européenne dans ce milieu tropical a entraîné de lourdes contraintes sanitaires, particulièrement liées aux hémoparasitoses (babésioses, anaplasmose), qui constituent une des premières causes de mortalité bovine dans l’île. Les parasites responsables de ces maladies animales sont transmis par les tiques de l’espèce Rhipicephalus (Boophilus) microplus. Les mouches du genre Stomoxys spp interviennent aussi dans la transmission du pathogène de l’anaplasmose, la principale hémoparasitose de l’île. Les pullulations de stomoxes dans les élevages bovins à La Réunion sont remarquables et deux espèces cohabitent : Stomoxys calcitrans et Stomoxys niger niger. Ces mouches sont des vecteurs mécaniques de nombreux agents pathogènes présents dans le sang et les tissus cutanés de leurs hôtes, spécialement le bétail. A La Réunion, outre l’anaplasmose déjà citée, les stomoxes sont soupçonnés de contribuer à la transmission de la Leucose Bovine Enzootique (LBE), maladie infectieuse et contagieuse, propre aux bovins, due à un virus de la famille des Retroviridae. 

La Direction de l'alimentation de l'agriculture et de la forêt (DAAF) de La Réunion, le Groupement de Défense Sanitaire de La Réunion (GDS 974), et l’ensemble des acteurs du monde de l’élevage ont collaboré depuis 3 ans pour établir un plan zootechnique, qui inclut un volet d’éradication de la LBE du territoire. Le Plan Global de Maîtrise Sanitaire Bovin, et plus particulièrement son volet leucose, inclut une dimension de lutte intégrée contre les stomoxes dans le volet réglementaire local du plan d'assainissement. Cependant, il existe actuellement peu de méthodes de lutte alternatives aux traitements chimiques (acaricides), alors que des résistances aux principales molécules utilisées ont déjà été mises en évidence chez les Stomoxes. Selon N. Barré (1981), un champignon entomopathogène présent sur l’île, Batkoa apiculata Humber 1989, est un des régulateurs principaux des populations de stomoxes, ce qu’il nous a été possible de vérifier lors de visites de terrain. 

Dans ce contexte, ce stage a eu pour objectif mettre en place un protocole expérimental permettant d’évaluer l’utilisation potentielle de Batkoa apiculata comme agent biologique de contrôle des stomoxes. Après des enquêtes de terrain visant à mettre à jour les connaissances sur la distribution et à la prévalence de ce champignon dans les élevages bovins, des souches de terrain ont été collectées et mises en culture. Le cycle du champignon a ensuite étudié en conditions expérimentales, ainsi que son impact sur la mortalité des stomoxes, à partir d’une colonie établie au pôle de protection des plantes, Saint-Pierre. Cette étude préliminaire menée au laboratoire visait à développer à terme un nouvel outil de lutte biologique qui favorisera la lutte intégrée contre les stomoxes dans le cadre de l’éradication de la LBE et plus généralement du contrôle des hémoparasitoses à La Réunion. 

Une analyse statistique a été réalisée, ainsi qu’un rapport d’analyse, en vue de l’écriture d’une publication scientifique. 

Le stage de Jessica était orienté entomologie et lutte anti-vectorielle, il a été réalisé principalement en laboratoire, avec des visites de terrain, en collaboration avec le GDS974 et l’UMR PVBMT.