Raphaëlle Hoarau

Sujet : Écologie vectorielle sur le modèle Aedes aegypti à La Réunion : vers le développement d'un modèle de capacité vectorielle pour le virus de la dengue dans le cadre du projet ERC Revolinc

A La Réunion, deux espèces de moustiques Aedes sont à considérer en santé humaine. Aedes albopictus, invasif et omniprésent dans l’île, aussi bien dans les habitats naturels qu’urbanisés de la bande littorale jusqu’à 1 200 m d’altitude, au contact de l’homme pour lequel il est très agressif (Bagny et al., 2013). Cette espèce est le vecteur de la dengue qui sévit sur un mode épidémique depuis 3 ans à La Réunion. Une autre espèce vectrice historique de la fièvre jaune et de la dengue, Ae. aegypti, est également présente mais reste actuellement confinée dans des ravines de l’Ouest et du Sud de l’île suite aux campagnes massives de lutte contre les Anophèles vecteur du paludisme utilisant du DDT en aspersion intradomiciliaire dans les années 1950-1960 (Salvan et Mouchet, 1994). Dans ces ravines, Ae. aegypti se trouve en concurrence avec Ae. albopictus. Un projet pilote coordonné par l’IRD vise à déployer la Technique de l’Insecte Stérile (TIS) contre Ae. albopictus à La Réunion (Gouagna et al., 2020). Plusieurs groupes d’experts ont souligné qu’en cas de succès de la lutte, il existait un risque de réinvasion par Ae. aegypti¸de la niche écologique occupée actuellement par Ae. albopictus, et donc de se substituer comme vecteur de la dengue (Biodiversité, 2018; Haut Conseil de la santé publique, 2018). Cependant, les données actuellement disponibles sur la biologie et l’écologie de cette espèce dans le contexte réunionnais sont insuffisantes pour évaluer son rôle épidémiologique dans la transmission de la dengue et le risque de remplacement souligné ci-dessus.