La technique de l’insecte stérile (TIS), méthode utilisée dans la lutte contre les insectes nuisibles, consiste à relâcher des mâles rendus stériles par irradiation dans l’environnement. L’accouplement de ces mâles avec des femelles produira une descendance non-viable entrainant un déclin de la population. Si cette méthode s’est montrée efficace sur certaines populations d’insectes, son efficacité reste à ce jour mitigée sur le moustique tigre, vecteur de maladies telles que la dengue, le chikungunya et le zika. La TIS a donc besoin d’être repensée comme partie intégrante d’un ensemble d’actions menées de front. En plus des méthodes de lutte traditionnelles (prévention, pièges à adultes et autodissémination) pouvant être utilisées en parallèle, une variante de la TIS, la boosted TIS, a été proposée par Bouyer et al. (2014). Elle consiste à couvrir les mâles stériles de biocide qui sera ensuite acheminé dans les gîtes larvaires par l’intermédiaire des femelles après accouplement. 

L'objectif de mon stage fut de développer en climat méditerranéen un modèle de dynamique de population d’Aedes albopictus, une espèce de moustique particulièrement nuisible à Montpellier, afin d’étudier : 1) les effets potentiels de la TIS et la boosted TIS sur cette population et 2) les effets combinés des différentes méthodes de contrôle. Ce modèle déterministe, continu et structuré en classes a été codé sous R. La dynamique modélisée a été validée sur des données entomologiques. Les résultats ont montrés que le choix de la période de lâchers était déterminant dans l’efficacité de la TIS en climat méditerranéen. En effet, lorsque les lâchers commencent dès la sortie de diapause des œufs et où la quantité de femelles sauvages et peu abondante, alors la TIS parvient à elle seule à réduire la population à un niveau proche de l'extinction. « Booster » la TIS ou la combiner avec différentes méthodes de lutte permettrait d’éviter l’augmentation indésirable de l’abondance des femelles observée en raison de la réduction de la compétition larvaire. Enfin, ces combinaisons d'actions permettraient d'améliorer le contrôle de la population de moustiques 1) lorsque la période des lâchers de mâles stériles n'est pas optimale, et 2) en augmentant son efficacité à long terme.