Audrey Cohard

Sujet : Estimation du portage d’Entérobactéries résistantes aux céphalosporines de troisième génération et productrices de Bêtalactamases à spectre étendu chez les populations de Rattus sp. à La Réunion et à Mayotte en 2013-2014 et 2017

Les Entérobactéries résistantes aux céphalosporines de troisième génération (C3G) et les Entérobactéries productrices de Bêtalactamases à spectre étendu (EBLSE) représentent plus de 80% des bactéries multirésistantes (BMR) isolées au CHU Félix Guyon à Saint-Denis de La Réunion pour des patients provenant de La Réunion mais aussi de Mayotte. Les rats, au mode de vie synanthrope, sont présents à La Réunion et à Mayotte. Ils profitent de la proximité à l’homme, l’environnement urbain leur apportant abri, eau et nourriture. Cependant, ce sont aussi des réservoirs de zoonoses et d’Entérobactéries multirésistantes telles que les Entérobactéries résistantes aux C3G et les EBLSE. Il est possible que ceux-ci soient de bons indicateurs des résistances qui circulent dans l’environnement et qu’ils reflètent la situation en communauté humaine. En 2013 et 2014 puis en 2017, à La Réunion et à Mayotte, des rats ont été capturés afin d’estimer la prévalence des Entérobactéries résistantes aux C3G et des EBLSE chez Rattus rattus et Rattus norvegicus à La Réunion et chez Rattus rattus à Mayotte. A La Réunion en 2013-2014 et en 2017, respectivement 198 et 101 rats, et à Mayotte en 2014 et en 2017, respectivement 138 et 145 rats ont été capturés.

Les antibiogrammes réalisés sur les Entérobactéries isolées ont permis d’estimer la prévalence des Entérobactéries résistantes aux C3G et des EBLSE sur les deux îles. A La Réunion, la prévalence des Entérobactéries résistantes aux C3G était de 5,05% en 2013-2014 et de 3,96% en 2017. A Mayotte, cette prévalence était de 8,70% en 2014 et de 1,38% en 2017. La prévalence des EBLSE chez les rats était quant à elle inférieure à 1% à Mayotte en 2014 et en 2017, et à La Réunion en 2013-2014. En 2017 à La Réunion, le portage des EBLSE est nul, sur l’échantillon de 101 rats (i.e. Rattus rattus et Rattus norvegicus) capturés. Différents facteurs explicatifs du portage d’Entérobactéries résistantes aux antibiotiques par les rats ont été testés, des facteurs physiologiques, espèce, sexe, et des facteurs liés à l’occupation du sol et au milieu de vie des rats capturés. Les prévalences obtenues se sont avérées inférieures à ce qui était attendu. Cette différence peut s’expliquer par la taille de chaque échantillon, globalement inférieure à ce qui était prévu, et l’environnement dans lequel les rats ont été capturés. Aucun gradient de portage selon le degré d’anthropisation du milieu n’a été mis en évidence contrairement à ce qui a pu être observé à Ontario au Canada où le portage de résistances aux C3G était différent selon les activités humaines présentes à proximité des animaux capturés. Enfin, bien que les prévalences observées chez l’homme à l’hôpital soient élevées, l’absence de données en communauté humaine ne permet pas de valider ou de refuser la plausibilité d’un modèle biologique « rat » comme reflet de la situation chez l’homme en communauté.