Nouvelle publication : Mise en évidence des enjeux de la surveillance de la rage à Madagascar à partir d'une enquête de méthode mixte réalisée auprès des agents de santé vétérinaire

A Madagascar, la rage est endémique et constitue une maladie à déclaration obligatoire. L'objectif de cette étude mixte était de comprendre les défis rencontrés par les vétérinaires sanitaires (VS) dans le système actuel de surveillance de la rage à Madagascar. 

Pour cela, une enquête a été menée d’avril à juillet 2021 au cours de laquelle tous les VS officiellement listés dans le pays (N = 150) ont été contactés par téléphone au moins deux fois. Les participants, représentants des 22 régions de Madagascar, ont été interrogés par téléphone à partir d'un questionnaire semi-structuré sur (1) leurs connaissances sur l'épidémiologie de la rage dans leur zone d'activité, (2) la survenue de cas de rage humaine et animale et les espèces affectées dans la région où ils travaillent, (3) les facteurs pouvant influencer la surveillance de la rage selon (a) leurs activités et leur zone d'intervention, (b) les aspects socioculturels des communautés locales, et (c) l'organisation générale de la surveillance de la rage animale dans le pays.

En termes de résultats, la majorité (80/90) des VS ont déclaré avoir été informés d'au moins un cas suspect ou confirmé de rage humaine et/ou animale dans leur zone d'activité au cours de leur activité professionnelle : au moins une fois par mois pour 11 d'entre eux, au moins une fois par an pour 40 et avec une fréquence indéterminée pour 29. Plusieurs obstacles entravent la surveillance de la rage, ce qui entraîne une sous-déclaration des cas. Le manque de ressources pour accéder aux animaux suspects, collecter, conditionner et expédier les échantillons dans le respect des mesures de biosécurité et de chaîne du froid a été mentionné comme un premier ensemble d’obstacles majeurs à la surveillance. Le deuxième obstacle est d'ordre socioculturel : dans de nombreuses grandes régions côtières, les chiens sont tabous et les VS craignent d'être rejetés par la communauté s'ils les soignent.

Alors que la population générale a besoin d'informations sur la situation de la rage à Madagascar et sur la manière de procéder en cas de morsure, les vétérinaires et les décideurs doivent être pleinement conscients de la nécessaire opérationnalisation d'une approche intégrée de la surveillance, de la prévention et du contrôle de la rage, fondée sur des données probantes. La communication entre les secteurs de la santé humaine et animale doit être améliorée. Les politiciens doivent être persuadés de l'importance du financement de l'élimination de la rage à Madagascar. L'adoption, début 2023, d'un plan stratégique national de lutte contre la rage est un premier pas dans cette direction.

Remerciements 

Nous remercions les agents de santé vétérinaire pour leur disponibilité à répondre à cette enquête et leur contribution active à sa réalisation.

Publiée : 03/04/2024